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Le muguet, porte-bonheur des humains, ennemi de nos animaux de compagnie.

05/05/2025 Conseils du vétérinaire
Le muguet, porte-bonheur des humains, ennemi de nos animaux de compagnie.

Le 1er mai, on célèbre une jolie tradition : offrir du muguet pour porter bonheur à ceux qu’on aime.

Mais derrière ses délicates clochettes blanches et son parfum printanier, cette plante cache un vrai danger pour nos animaux de compagnie. Chiens, chats, et même lapins : aucun n’est à l’abri ! Voici ce qu’il faut savoir pour profiter de cette journée en toute sécurité.

Les chats sont souvent les plus à risque d’intoxication au muguet : les bouquets sont généralement posés sur des meubles ou rebords de fenêtre facilement accessibles pour eux. Les chats d’intérieur, en particulier, ont tendance à jouer avec les plantes, voire à les mordiller.

Les chiens ne sont pas en reste, surtout les chiots, curieux de tout et prompts à attraper tout ce qui traîne.

Enfin, attention également aux lapins laissés en liberté dans les jardins : s’ils croisent du muguet en fleur, l’envie de grignoter peut vite devenir dangereuse.

Les molécules toxiques contenues dans le muguet sont des hétérosides cardiotoxiques qui peuvent avoir des effets très graves sur le cœur et le système digestif des animaux. L’intégralité de la plante est toxique, surtout la racine et les tiges. Le muguet fané ou séché reste toxique. L’eau du vase est également dangereuse.

Les doses toxiques sont très faibles, quelques feuilles suffisent à entrainer des symptômes chez le chat.

Les symptômes sont plus graves chez les animaux âgés, et jeunes.


❖ Quels sont les signes d’une intoxication au muguet ?


Les premiers signes d’intoxication sont souvent digestifs : l’animal peut vomir plusieurs fois, saliver anormalement, et avoir la diarrhée, parfois avec du sang.

Ensuite, des troubles nerveux peuvent apparaître : agitation, démarche anormale, tremblements, pupilles très dilatées, et dans les cas graves, des convulsions.

Enfin, ce sont les effets sur le cœur qui deviennent les plus inquiétants : le rythme cardiaque peut ralentir fortement ou au contraire s’accélérer de façon irrégulière, avec des troubles parfois sévères.

On peut aussi observer que l’animal urine beaucoup plus que d’habitude.

Dans de rares cas, lorsqu’une grande quantité de muguet a été ingérée, l’intoxication peut être fulgurante et malheureusement entraîner le décès de l’animal, sans signes visibles préalables. Il est donc primordial d’agir sans attendre au moindre doute.


❖ Comment réagir en cas d’intoxication ?


Le muguet est une plante toxique pour laquelle il n’existe pas d’antidote. C’est pourquoi la meilleure solution reste la prévention.

Mais si vous pensez que votre chien, chat ou lapin a mâchonné du muguet ou bu l’eau du vase, il faut agir vite : c’est une véritable urgence vétérinaire. Appelez immédiatement votre vétérinaire.

Si l’ingestion est récente, il pourra faire vomir votre animal et lui administrer les traitements adaptés. Une hospitalisation peut-être être nécessaire.

L’intoxication au muguet ne doit jamais être prise à la légère. Même en l’absence de signes visibles, une consultation rapide peut sauver votre compagnon.

En France, deux centres antipoison vétérinaires peuvent aussi vous conseiller par téléphone :

  • CAPAE-Ouest (Nantes)
  • CNITV (Lyon)

En cas de doute, ne tardez pas à contacter votre vétérinaire : une prise en charge rapide peut vraiment faire toute la différence.



❖ Comment protéger mon animal à la maison ?


Voici quelques réflexes simples à adopter pour protéger vos animaux :

  • Ne laissez jamais de muguet à portée des animaux : cela vaut pour les bouquets, les pots, mais aussi pour l’eau du vase ou la terre ayant contenu la plante.
  • Placez vos arrangements floraux en hauteur, dans des pièces où vos compagnons n’ont pas accès.
  • Expliquez à vos enfants que, même si le muguet est joli, il n’est pas un jouet pour les animaux.

Et si vous offrez du muguet à un proche, pensez à lui signaler qu’il est toxique pour les chiens et les chats, surtout s’il vit avec un animal curieux ou jeune !



Sources :

Emilie Marin, Toxicité des plantes pour les animaux (chiens, chats et chevaux), 2024.

Cours de toxicologie vétérinaire - VetAgro Sup

Centre Antipoison Animal et Environnemental de l'Ouest


Les maladies dentaires du lapin, vous connaissez ?
Les maladies dentaires du lapin, vous connaissez ?

04/06/2024 - Conseils du vétérinaire

Conseils du vétérinaire

Les maladies dentaires du lapin peuvent se développer à tout âge et sur n’importe quel individu. Pourtant, il existe de nombreux facteurs qui vont favoriserl’apparition de certaines de ces maladies et toucher préférentiellement certaines catégories de population.Tout d’abord, il est nécessaire de faire la différence entre les maladies d’origine congénitales et les maladies acquises. Dans le premier cas les problèmesdentaires font suite à une mauvaise conformation de la mâchoire ou de la qualité de la dent et touchent des individus plutôt jeunes (<1 an). Les maladies acquises se développe plutôt chez des individus d’âge moyen, entre 3 et 4 ans environ, et font suite à des anomalies chroniques dans l’entretien du lapin, etnotamment à une alimentation inadaptée. ❖ Un petit point sur la bouche du lapin.Le lapin est un animal hypsodonte, c’est-à-dire qui possède des dents avec une grande couronne dentaire et qui poussent en continue tout au long de la vie de l’animal. Le lapin est donc forcé d’user ses dents tout au long de sa vie pour que ce phénomène s’équilibre. L’usure régulière des dents est essentiellement permise par la mastication de fibres alimentaires avec des mouvements en rotation des mâchoires. L’alimentation joue donc un rôle central lorsqu’il s’agit de la santé des dents du lapin. Une alimentation pauvre en fibre va privilégier des mouvements masticatoires du haut vers le bas à l’origine d’une surpression sur les racines dentaires favorisant des anomalies de la pousse (déviation, agénésie, régression du bourgeon dentaire…) voire des infections des racines (infection simple, abcès, nécrose…).Sur chaque hémi-mâchoire supérieure, le lapin possède deux incisives (la principale et une petite vestigiale derrière), pas de canine (l’espace vide laissé par cette absence sur la mâchoire est appelé diastème), trois prémolaires et trois molaires. Sur chaque hémi-mâchoire inférieure, le lapin possède une incisive, pas de canine, deux prémolaires et trois molaires. Sur les races naines, chez qui le chanfrein est plus ou moins court, certaines de ces dents peuvent être atrophiées ou mal positionnées car la bouche est trop petite. De même, chez ces races, le prognathisme (mâchoires inférieures plus en avant que la supérieure et défaut d’affrontement des incisives) est une anomalie plus fréquente que chez les races au chanfrein plus long.❖ La malocclusion des incisives, maladie congénitale ou acquise ?La maladie dentaire congénitale la plus fréquente est la malocclusion des incisives secondaire à un prognathisme plus ou moins prononcé. Elle est à l’origine d’une élongation anormale des incisives avec les incisives supérieurs qui « bouclent » vers l’intérieur de la bouche et les inférieures qui partent versl’avant ou remontent devant le nez. Ce mauvais positionnement empêche l’animal de se nourrir correctement. La malocclusion congénitale se développe dans les premiers mois de vie de l’animal et n’est pas toujours décelée à l’adoption.Lorsque la malocclusion se développe au-delà de 1 an, elle est en général plutôt acquise : à la suite d’un traumatisme unique (chute) ou répété (mâchonnements compulsif des barreaux de la cage par exemple), d’une fracture d’une ou plusieurs incisives, suite à une élongation anormale des molairesqui entraine l’ouverture de l’angle d’occlusion et à terme entraine un défaut d’affrontement.❖ La malocclusion des molaires, une histoire de nourriture mais pas que !La malocclusion des molaires est une maladie acquise. L’origine communément admise pour cette maladie est, comme indiqué plus haut, un défaut d’usure des dents lié à un manque de fibres dans la ration alimentaire. Une autre hypothèse évoque une carence chronique en calcium et/ou en vitamine D qui serait à l’origine d’une fragilisation des zones d’insertion des dents et une dégénérescence des racines dentaires.Ces différents facteurs entrainent une déviation progressive de la pousse des dents et la création de pointes dentaires qui peuvent, à terme, blesser la langue ou les joues et créer des ulcères. Cela favorise également les infections dentaires pouvant aller jusqu’à l’abcès voire jusqu’à l’infection osseuse.❖ Traitement et pronostic des maladies dentaires.Concernant la malocclusion des incisives, le traitement d’urgence consiste à limer les dents sous anesthésie flash avec une lime rotative pour permettre à l’animal de remanger correctement. En revanche, la coupe des dents à la pince est à proscrire puisqu’elle fragilise un peu plus l’insertion des dents et augmente le risque de fractures dentaires. A court terme, l’extraction chirurgicale des incisives est conseillée car la malocclusion tend rapidement à s’aggraver et la fréquence des limages à augmenter (toutes les 6 à 3 semaines en moyenne).Pour une malocclusion des molaires, la prise en charge est différente puisqu’elle touche le plus souvent l’ensemble de la denture. Le traitement de choix est un limage dentaire sous anesthésie à répéter plus ou moins fréquemment en fonction de la gravité des lésions. Occasionnellement, une extraction dentaire peut être indiquée en cas d’infection d’une racine dentaire.❖ Que faire en prévention ?Pour les maladies congénitales, à part lutter contre la sélection des hypertypes dans les élevages, il n’y a pas de solution préventive. Dans le cas des maladies acquises, la prévention passe par une alimentation adaptée : foin à volonté, accès limité aux granulés, légumes verts fibreux quotidiennement. De plus une ration équilibrée en calcium et un accès à une source d’UV (contact direct au Soleil, lampe UV) peuvent être conseillé pour renforcer l’insertion des racines dentaires.Question curieuse : Sans ses incisives, mon lapin peut-il encore manger ?Oui ! Les incisives servent principalement à cueillir l’herbe. Même sans incisives le lapin pourra attraper sa nourriture avec ses lèvres et sa langue. Certains lapins peuvent avoir besoin qu’on leur coupe leur nourriture en petits morceaux pour les aider à manger, mais, dans la plupart des cas, les lapins opérés sont capables de remanger seuls juste après l’intervention. Références :CROSSLEY DA. Clinical aspects of lagomorph dental anatomy : the rabbit (Oryctolagus cuniculus). J Vet Dent.1995 ;12 :137-140.JEKL V, HAUPTMAN K, KNOTEK Z. Quantitative and qualitative assessments of intraoral lesions in 180 smallherbivorous mammals. Vet Rec. 2008 ;162 :442-449.

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